Abstract
|
:
|
La catoptromancie (divination par l'observation d'objets brillants) est une pratique abondamment attestée dans l'histoire, depuis l'Antiquité. Toutefois, les travaux académiques consacrés aux rituels de catoptromancie médiévaux sont encore assez rares. Cet article traite d'abord des prières et des rituels catoptromantiques pratiqués à l'aide d'un médium—toujours un enfant vierge—, lesquels se trouvent, notamment, dans deux manuels de nécromancie mediévale (Bodleian Library, University of Oxford, Rawl. D. 252, et le manuel publié par Richard Kieckhefer sous le titre Forbidden Rites). Après une analyse de l'idée de virginité, qui apparaît dans les mots des prières, l'article se concentre sur l'explication qu'un philosophe du XIIIe siècle, Guillaume d'Auvergne, fournit en matière d'utilisation d'enfants vierges au cours d'expériences catoptromantiques. Guillaume s'emploie longuement à réfuter la doctrine platonicienne selon laquelle la science n'est qu'une sorte de réminiscence; mais malgré son opposition à l'idée de “science-réminiscence”, il se montre naturellement favorable à la notion, également platonicienne, selon laquelle la pureté virginale peut, en principe, donner plus facilement accès aux régions de lumière appartenant à l'ordre du Créateur. Selon Guillaume, la lumière divine habite tout naturellement l'âme qui n'est pas encombrée et accablée de vices corporels; toutefois, il est pratiquement impossible à l'âme seule, sans l'assistance de Dieu, de franchir les frontières de ces régions. Ici, Guillaume fait allusion aux expériences d'ascèse infructueuses, auxquelles il s'est lui-même livré dans son adolescence. Bien évidemment, malgré l'opposition théologique à l'encontre de l'expérience théurgique, il existe une intéressante continuité entre la pratique et la théorie de la catoptromancie médiévale. En conclusion, l'article fait brièvement état de quelques autres continuités entre, d'une part, les formes de théurgie médiévale (notamment, dans les prières de l'ars notoria et dans celles de Jean de Morigny); et d'autre part, les conversations de John Dee avec les anges. Enfin, l'auteur présente une suggestion peut-être susceptible de résoudre “l'énigme Edward Kelly”. La catoptromancie (divination par l'observation d'objets brillants) est une pratique abondamment attestée dans l'histoire, depuis l'Antiquité. Toutefois, les travaux académiques consacrés aux rituels de catoptromancie médiévaux sont encore assez rares. Cet article traite d'abord des prières et des rituels catoptromantiques pratiqués à l'aide d'un médium—toujours un enfant vierge—, lesquels se trouvent, notamment, dans deux manuels de nécromancie mediévale (Bodleian Library, University of Oxford, Rawl. D. 252, et le manuel publié par Richard Kieckhefer sous le titre Forbidden Rites). Après une analyse de l'idée de virginité, qui apparaît dans les mots des prières, l'article se concentre sur l'explication qu'un philosophe du XIIIe siècle, Guillaume d'Auvergne, fournit en matière d'utilisation d'enfants vierges au cours d'expériences catoptromantiques. Guillaume s'emploie longuement à réfuter la doctrine platonicienne selon laquelle la science n'est qu'une sorte de réminiscence; mais malgré son opposition à l'idée de “science-réminiscence”, il se montre naturellement favorable à la notion, également platonicienne, selon laquelle la pureté virginale peut, en principe, donner plus facilement accès aux régions de lumière appartenant à l'ordre du Créateur. Selon Guillaume, la lumière divine habite tout naturellement l'âme qui n'est pas encombrée et accablée de vices corporels; toutefois, il est pratiquement impossible à l'âme seule, sans l'assistance de Dieu, de franchir les frontières de ces régions. Ici, Guillaume fait allusion aux expériences d'ascèse infructueuses, auxquelles il s'est lui-même livré dans son adolescence. Bien évidemment, malgré l'opposition théologique à l'encontre de l'expérience théurgique, il existe une intéressante continuité entre la pratique et la théorie de la catoptromancie médiévale. En conclusion, l'article fait brièvement état de quelques autres continuités entre, d'une part, les formes de théurgie médiévale (notamment, dans les prières de l'ars notoria et dans celles de Jean de Morigny); et d'autre part, les conversations de John Dee avec les anges. Enfin, l'auteur présente une suggestion peut-être susceptible de résoudre “l'énigme Edward Kelly”.
|